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Dimanche 26 mars
De Fonteilles à Sénergues.
Belle journée en perce pective.
Je trouve du pain dans le village de Campuac, environ 400 habitants, dont un jeune boulanger qui affiche dans sa boutique un drapeau bleu-blanc-rouge. Le bleu est constellé des étoiles du drapeau européen, le rouge de la croix occitane. Il est probablement heureux d'habiter son village, mais je le sens incapable de beugler "on est chez nous !" au milieu d'abrutis décérébrés. Je ne lui fais pas part de mes réflexions, sinon tacitement.
Je lui demande où trouver de l'eau pour remplir les jerrycans, il m'accompagne sur la place, fier de me montrer les nouveaux aménagements de la municipalité. Je ne retourne pas lui dire qu'il est impossible de glisser un jerrycan sous le robinet.Je parcours le plateau à la recherche d'un point d'eau.
Oui, c'est bien de la neige à l'horizon : le Plomb du Cantal & montagnes environnantes.
À Golinhac, un quidam m'envoie au stade, où je trouve des robinets utilisables. Ce village de moins de 400 habitants est bien équipé, probablement grâce à la redevance versée par EDF pour son barrage sur le Lot.
Je suis rejoint par un vieil homme, qui, fier lui aussi de cet équipement moderne, me pousse à utiliser les WC. Il insiste, me montrant qu'ils sont installés dans le local de l'arbitre, ce qui explique que je ne les ai pas trouvés.
Il oriente la conversation vers la production d'électricité : il a manifestement été marqué par la construction du barrage, qui a dû bouleverser le paysage de son enfance. Il m'explique tout le bien qu'il pense des crues (que le barrage doit maintenant contenir). Il a d'ailleurs écrit un livre sur le sujet, mais c'était il y a longtemps, et il ne se souvient plus quels sont les nombreux avantages des crues.
Le plein effectué, je me mets à la recherche d'un bivouac.Et je trouve un p'tit coin d'paradis, dans le village de Sénergues.
Le village :Le p'tit coin d'paradis :
Le paradis est représenté ici par une abominable statue de la Vierge, nichée (sans niche) dans l'angle de la maison qu'on voit de la fenêtre de mon bureau.Nous sommes sur le passage du chemin de Saint-Jacques. Une jolie petite église nous sépare des traditionnels WC publics propres et tout (non documentés ici) quasi systématiquement présents sur le tracé du GR65.
Après environ 20 km de marche, Martine & Max arrivent en milieu d'après-midi devant le camion. C'est l'avantage de l'appartement au pied des pistes.
Un couple, elle 82 ans, lui 93, nous racontent leur vie à Sénergues. Il était plâtrier-peintre-décorateur, et ce dont il est le plus fier est sa restauration de l'abominable Vierge censée décorer la place. Je réoriente la conversation avec une grande habileté (mon visage ne trahit pas mon opinion, ce que je ne sais pas toujours faire).
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